Thursday, March 8, 2018

Solitaire
Je suis partit d’Isla Mueres seul pour aller à Miami. Première fois que je prend le bateau seul. Françoise reste à Cancun une semaine pour me rejoindre à Miami car l’immigration US est incohérente. Il faudrait qu’elle paye $585 si elle arrivait avec moi alors que par avion son ESTA (permis d’entrer aux USA) est encore valide depuis 2016, notre voyage à San Francisco.
Cela je pense nous fera du bien à tous les deux. Françoise retrouvant son autonomie et moi devant faire face à la navigation, mon temps seul et la gestion du quotidien.
En sortant de la passe j’ai 20 nœuds de vent, alors je prend un ris, manœuvre qui se passe très bien en mettant le bateau face au vent et en prenant le ris tout en lâchant la drisse de grand voile. Le second ris s’étant pris dans une latte, j’ai du la relâcher puis avec la gaffe la libérer avant de la reprendre. En tendant légèrement le second ris, je soulage le premier et donne une meilleure forme à la grand voile. Je reprend ma navigation avec 6 à 7 nœuds … et bien plus confortable.
Soirée tranquille avec un film et un repas de grignotes car je n’ai pas vraiment faim. Beaucoup d’alarmes bateaux dans la nuit mais aucun posant des risques, il y a juste un trafic dense dans cette passe entre Cuba et la pointe de Cancun, passage obligé pour tous les bateaux ravitaillant la côte Sud des USA ou venant de l’atlantique pour l’Amérique centrale.
Le vent est trop au nord ce qui m’oblige à m’écarter de 20 à 30° de la route idéale. Mais les grib montrent que le vent va tourner et en allant au nord j’évite le calme plat de la pointe de Cuba. Donc je patiente et m’envole vers les US sachant qu’il faudra probablement que je vire de bord pour me repositionner à l’est afin de pouvoir atteindre Miami.
Mes batteries ne tiennent plus vraiment la charge et il me faut mettre le groupe électrogène deux fois par jour pour maintenir un niveau « acceptable ». J’en veut vraiment à celui qui m’a installé ces batteries qui devaient n’être changées que dans 5 ans, mais il les a bousillés en ne respectant pas des règles fondamentales telles que n’associer que des batteries de même puissance. Je vais les remplacer en France, augmenter les capacités et les recycler sur Braie ou le système solaire servira d’énergie et permettra de pomper de l’eau.
Je retourne en France pour faire des modifications au bateau et une maintenance annuelle très complète. Le projet est de fermer le cockpit avec un système de panneaux qui se glissent dans le toit quand on veut laisser ouvert. En 2 ou 3 sections sur roulettes, la partie basse peut être déconnectée pour servir de garde ou être escamotée et des filins mis en guise de garde. Le devant est lui aussi en matières solides et verre incassable avec la possibilité de lever le panneau avant. Enfin je pourrais voir clairement à travers lors des manœuvres. Les 3 arches qui reprendront l’arche existante mais aux bord du bateau seront maquillées de fibres de verre afin de créer une continuité avec le style du bateau. L’ancrage de ces arches sera aux points de fixation des mains courantes actuelles, donc pas de modifications structurelles bateau. A l’arrière deux demis arches permettront à la fois de servir pour hisser et fixer le canot, mais aussi pour le panneau arrière qui sera de la largeur de l’ouverture actuelle. Les « coins » arrière seront des panneaux vitrés fixe mais ouvrables. Le toit formé de barres en L permettra de fixer les panneaux solaires (8 à 12) soit 2 à 3 fois la puissance actuelle. Ceci organisé pour que l’on puisse monter sur le toit afin d’accéder à l’arrière de la baume ce qui est difficile actuellement.
L’autre modification concerne les gardes rails que je souhaite remplacer avec des barres fixes permettant une meilleure sécurité et de pouvoir fixer des éléments sur le coté. Selon les panneaux solaires il est possible que je complète avec 4 autres panneaux sur ces bords. L’autre possibilité est d’avoir un système qui permet de générer de l’électricité soit par le vent, soit par la mer en basculant un bras qui pourrait s’attacher à l’arrière … à étudier. Il faut que je génère suffisamment d’énergie pour qu’en situation normale je n’ai pas à mettre le groupe électrogène en route.
Dernière modification, voir si c’est possible d’installer un congélateur car si les 3 frigos sont largement suffisants, ne pas pouvoir garder du congeler à -18° ou congeler notre pêche nous limite dans le style de voyage que nous entreprenons.
Faire tout cela en plus d’un nettoyage complet du bateau, une maintenance poussée des composants, refaire l’anti-fouling et réparer les petits « pets » sur le gel coat … il va falloir ne pas chômer.
Le vent vire au 100, si cela se maintient, ma trajectoire se révisera et je gagnerais au moins une journée de navigation. En tout cas, pour l’instant rien à faire sauf laisser le bateau continuer son chemin à environs 5 nœuds de moyenne soit 120 Miles nautiques par jour. Si en ligne droite j’ai 455 miles à faire, je pense que j’en ferais au moins 500 voir 550 pour arriver à Miami.
Naviguer c’est observer tout en détail. Je note que le hauban intérieur à bâbord est un peu lâche, il faudra que je lui donne un tour à Miami. Celui en face doit être dans la même condition, on le saura par la tension ressentie, comme une corde de guitare, il faut que cela « sonne »  juste.
Je suis étonné des variations de vitesse que l’on peut avoir alors que le vent est de même force et les voiles réglées à l’identique puisque je navigue au vent à 42° du vent. Cela va de 3,5 nœuds à 7 nœuds sans que je puisse identifier les facteurs de ces variations, hormis l’état de la mer qui justifie beaucoup sur ces écarts.
Belle journée hier sans histoire mais dans la nuit l’auto-pilote ne tiens plus. Cela fait un moment que je l’entends de ma cabine travailler trop, mais je l’ai vérifié il y a 15 jours et tout semblait normal et pas de fuite. Alors à 4 heures du matin après plusieurs essais pour voir si je peux faire tenir en réglant les voiles, je prend la lampe torche et me faufile dans la cale. Heureusement je suis « petit » mais c’est vraiment pas commode. Le témoin du réservoir hydraulique est vide et en tâtant au fond je m’aperçoit que de nouveau, comme lors de la traversée de l’atlantique, l’embout du piston hydraulique est dévissé et fuit. Je le resserre à la main et en utilisant une vis dans le trou de cale qui permet d’avoir de la force pour visser je découvre que je peux lui faire faire un tour de plus. Je rempli le réservoir et ferme bien le bouchon. L’auto-pilote reprend son travail sans accros et je peux enfin me remettre au lit ! Pas fier le mec ! Je suis content de moi d’avoir réparé en pleine mer et su diagnostiquer correctement la panne. C’est un point de plus à vérifier tous les mois … à mettre sur une liste.
Ce matin musique et multiples petits travaux d’entretiens. J’ai changé le drapeau US car il ne restait que quelques lambeaux, les étoiles avaient des trous et des 13 lignes rouge et blanches représentant les 13 états fondateurs des USA, il n’en restait que 10. Je ne pouvais entrer aux US avec un tel drapeau. Puis j’ai remis 26 litres de fuel, non pas qu’il en manquait mais à la gite le groupe électrogène n’arrive plus à tirer du fuel si le réservoir n’est pas plein … un problème d’installation qu’il faudra que je fixe, probablement juste en ajustant le tuyau de prise de fuel dans le réservoir (encore un exemple qui montre que les chantiers qui ne travaillent pas pour des vrais navigateurs font un peu n’importe quoi, même s’il respectent les préconisations Beneteau. Cela manque « d’intelligence de la mer »). J’ai aussi inversé l’écoute de Génois bâbord car elle s’était dénudé de sa gangue là où en vent arrière elle frotte sur le filin de garde. Cà c’est un défaut de conception par Beneteau que je règlerais en mettant des garde corps en solide avec la possibilité d’escamoter celui à cet endroit afin que l’écoute sur tangon ne frotte plus … un bateau ce sont des dizaines d’ajustements de ce type avant d’avoir un bateau « naviguant ».
Aujourd’hui c’est une navigation qui ne me rapproche pas mais me permet d’avoir un angle de navigation pour arriver à Miami, il est possible que je reste cependant plutôt près du coté US que de Cuba car un vent arrive du large et je serais probablement mieux au nord qu’au sud. De plus le vent risque d’être mieux orienté pour moi.
J’ai décidé de mettre une canne à l’eau pour voir si je peux ramener un marlin, mais je navigue trop lentement pour l’instant pour que cela morde. Je pense à Hemingway … L’homme et la Mer. Des petits dauphins très affairés sont passés me voir, les premiers depuis très longtemps.
Voilà quelques news et informations sur le quotidien de la vie sur le bateau … EN SOLITAIRE. Postés après les faits, mais c’est pas possible en temps réel du aux communications.
C’est midi déjà, l’heure de la bière du capitaine et de penser au déjeuner.




Arrivé à Miami, j’appel les autorités pour avoir un N° d’entrée officiel aux USA. Cela se fait rapidement par téléphone, il suffit d’avoir un téléphone qui marche aux USA. La téléphonie a été une galère tout au long des caraïbes, Françoise a souscrit chez Orange un « pass » et depuis n’a plus moyen de communiquer. Elle continue à recevoir divers offres de Pass internationaux mais est incapable de joindre Orange … l’incohérence des systèmes est souvent très frustrante pour ne pas dire … Moi j’ai Free qui me facture des sommes énormes (j’ai du dépenser presque 1000€ en un an) mais cela marche dans la plupart des pays.
J’ai appelé la marina publique de Miami mais évidemment ils n’ont pas de places (pas d’obligation d’avoir des places de passage aux USA) et me disent de me mettre à l’ancre au sud. C’est une erreur de mon interlocuteur mais j’en profite pour me placer hors du chenal en plein centre ville. J’en serais délogé trois jours plus tard, mais en attendant nous en avons profité. L’endroit indiqué par les Coast Guard est en plein vent, difficile d’accès, à 3km par bateau du centre ville et à marrée basse je frôle le fond. Françoise aura froid, sera mouillé par les vagues des bateaux à moteur qui foncent dans le chenal (interdit mais!!!) mais notre petite annexe tient bien la mer et nous mène à bon port.
Je suis allé chercher Françoise à l’aéroport avec une voiture de location, me disant que cela serait plus simple pour elle et que nous en profiterions pour « visiter » et faire les courses requises. A l’aéroport Françoise a été bloqué aux douanes car elle n’avait pas d’adresse aux USA … se rappeler de toujours déclarer un grand hôtel du coin à l’arrivée ! Si on rejoint un bateau il faut un mot du capitaine … mais je ne savais pas et Françoise ne s’était pas renseignée … donc 3 heures d’attente pendant que la douane US épluche son passeport et fait des recherches sur informatique. Ils connaissaient tout de son parcours cette année et lui ont fait remarquer qu’à Puerto Rico ils n’avaient pas tamponné son passeport. « j’en ai marre ! » était les premiers mots lorsque je l’ai récupérée. C’est vrai qu’elle est gâté par les douanes US, la première fois à San Francisco et cette fois à Miami !
Vendredi c’était la recherche d’un shipchandler pour acheter de nouvelles écoutes de Génois et une corde dynéma (matière incroyablement solide sans élasticité, aussi fort que du fil de fer) pour consolider l’attache de baume au mat qui semble bien tenir depuis ma réparation au Mexique. On en a profité pour acheter une glacière de luxe afin de remplacer mon ancienne dont les charnières ont cassée avec le soleil et la rouille, et pas mal de bricoles, notamment un morceau de durite pour le cas où j’aurais une autre fuite plus difficile à réparer !
On est impressionné par les dizaines de km de bord de cote avec les immeubles de 40 étages et plus qui sont bordés souvent de canaux où les gens ont des bateaux. C’est le pays du bateau à moteur, les voiliers c’est apparemment plus au nord, Fort Lauderdale, mais nous n’y sommes pas allé.
Le soir nous sommes allé sur une ile reliée par un pont où nous avons vu des maisons grandioses et c’est là que l’on se dit qu’il y a des gens riches ! Incroyable avec des architectures intéressantes, des vraies demeure hollywoodiennes avec gardiens, grilles et caméras … on a mangé dans un restaurant du coin un excellent diné avec un bon vin (mais cela a couté TRES CHER!).
Samedi nous sommes allé explorer le plus grand parc national à l’est du Mississippi, The Everglades. Immense, cette région est au raz de l’eau avec un fleuve qui coule et déverse 10 cm sur toute la surface de cette région en période sèche et presque 50 cm en période humide. Des herbiers plein de poissons qui fraient dans cette région et des caïmans et crocodiles, avec plusieurs espèces (Jamaïque, Brésil etc) qui sont des bébé rapportés de pays étranger comme animaux de compagnie puis relâchés dans la nature ! En fait cette région est moins boisée que Braie (la maison de Françoise dans les marais de la somme) mais y ressemble. Juste une faune et flore différente avec en plus du soleil et des températures qui imposent chapeau et tenue légère. Beaucoup d’oiseaux, on a même vu un flamant rose et des poissons qui ressemblent aux nôtres mais les brochets ont des becs très long etc .

Bon, on reprend la route après avoir fait le plein de fuel ($2.87 le gallon soit environ 80centimes le litre) La dernière découverte c’est du gasoil dans le fond de cale, mais je ne suis pas arrivé à trouver la source. Evidemment il y a aussi des reste de ma fuite d’huile … enfin, nous avons vidé, lavé et cela ne coule plus ... donc mystère. Possiblement un reste de la purge faite lors de la maintenance moteur et cela avec l’huile de moteur de ma fuite de la durite lors de ma traversée en solitaire. A suivre.

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